Famille Bongo : Accusations de torture portées devant la justice française

Famille Bongo : Accusations de torture portées devant la justice française

Paris, 3 juillet 2025 – La famille de l’ex-président gabonais Ali Bongo porte sa bataille judiciaire sur le terrain international. Pour la première fois, Sylvia Bongo et son fils Noureddin ont témoigné cette semaine devant le tribunal judiciaire de Paris en tant que victimes. Ils accusent les nouvelles autorités gabonaises d’enlèvement, de séquestration en bande organisée et de torture, après le coup d’État militaire du 30 août 2023.

Dans une déclaration publique signée mercredi, Sylvia et Noureddin Bongo ont réaffirmé avoir été détenus arbitrairement et soumis à des violences graves. « Nous ne nous tairons pas face à la terreur et à l’injustice », ont-ils déclaré, accusant directement le président de transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, d’avoir ordonné leur isolement et les sévices subis.

Des accusations graves appuyées par des preuves

La famille Bongo affirme avoir passé près de deux ans en détention entre la prison centrale de Libreville et un bureau souterrain de la Garde républicaine, « six étages sous les appartements du président Oligui Nguema ». Ils évoquent des actes de torture : électrocutions, noyades simulées, coups et humiliations, visant à les forcer à céder leurs biens. Ces allégations s’accompagnent, selon eux, d’enregistrements audio et vidéo qualifiés de « preuves irréfutables », que leurs avocats comptent remettre à la justice française.

Ils dénoncent également un processus judiciaire orchestré pour les condamner par contumace, dans le but de justifier la saisie de leurs avoirs.

Ali Bongo également entendu à Paris

Mardi 1er juillet, Ali Bongo a lui aussi été entendu à Paris par deux juges du pôle Crimes contre l’humanité. L’ancien président, qui a dirigé le Gabon pendant 14 ans, a déposé plainte pour séquestration arbitraire. Ses avocats se sont dits satisfaits de l’avancée de l’instruction en France.

Depuis le coup d’État du CTRI en 2023, Ali Bongo avait été assigné à résidence. Sa femme et son fils, accusés notamment de détournement de fonds publics, de blanchiment et de falsification, avaient été placés en détention.

Une libération sous condition après 20 mois de détention

Ce n’est qu’en mai dernier que la famille Bongo a été autorisée à quitter le Gabon, après une médiation menée par le président angolais João Lourenço. Désormais installée à Luanda, la famille reste sous le coup de poursuites judiciaires au Gabon. Le procureur de la République, Eddy Minang, a précisé que la libération de Sylvia et Noureddin Bongo était provisoire et motivée par des raisons de santé.

Un affrontement judiciaire au-delà des frontières

La plainte déposée en mai 2024 à Paris avec constitution de partie civile pourrait marquer un tournant dans ce contentieux hautement politique. La famille Bongo, qui dispose également de la nationalité française, cherche à obtenir reconnaissance et réparation sur la scène internationale.

De son côté, le président de transition Oligui Nguema a nié toute torture, déclarant en début d’année : « Si nous avons pu faire un coup d’État sans effusion de sang, ce ne sont pas deux individus qui seront torturés dans ce pays. »

Stella S.

Awa TOURE

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